Nous entrons dans la troisième décennie de ce 21ème siècle, et cela ne rajeunit personne. Pour autant, les affaires ne s’arrêtent pas et cette première lettre de l’année 2020 nous donne l’occasion de revenir sur certains événements qui ont marqué 2019, avant d’évoquer quelques perspectives que nous pouvons entrevoir au cours de l’année à venir.

 Bien entendu, c’est également une formidable occasion de vous présenter nos meilleurs vœux de bonne santé et de succès, et de faire un point sur l’actualité de votre stock de vins.

 1- Bilan de l’année 2019 :

  • La situation en Chine et à Hong-Kong

L’économie chinoise a fortement ralenti au second semestre 2019 pour plafonner à 6 % de croissance sur l’année (contre plus de 6.6% encore en 2018), ce qui est inférieur aux prévisions de l’ensemble des analystes.

La guerre commerciale avec les Etats-Unis qui impacte les exportations, et une demande intérieure en forte baisse qui limite les importations, ont toutes deux lourdement pesé sur le PIB du pays dont la croissance est retombée à un niveau comparable à celui du début des années 1990 !

Certes, la base de calcul n’est plus la même, mais après trente ans de croissance exceptionnelle, qui ont vu le PIB chinois multiplié par … 40, cet atterrissage fait quand même quelques dégâts, et le marché du vin n’en sort pas indemne…

D’autant moins que la crise politique à Hong-Kong, devenue la première plateforme d’échange de grands crus au monde, pénalise également l’économie. En effet, à l’exception des journées de typhon ou des congés annuels du Nouvel An chinois, jamais on n’avait vu autant de magasins fermés, et plusieurs ventes aux enchères très prometteuses ont dû être reportées ou même annulées, tout comme certains séminaires et salons importants. La fréquentation étrangère a d’ailleurs baissé de 40 à 60% par rapport aux mêmes périodes de 2018.

  • Les positions protectionnistes américaines

L’OMC a jugé récemment que l’Union européenne avait faussé le marché en subventionnant Airbus, et donc en défavorisant Boeing, ce qui a permis aux États-Unis d’imposer 7,5 milliards de dollars de taxes douanières sur les produits européens de son choix.

Ainsi, depuis le 18 octobre 2019, une taxe supplémentaire de 25% frappe aux États-Unis 150 produits d’origine européenne, dont certaines catégories de vins, ce qui réduit inévitablement l’exportation de grands vins français vers ce qui représentait notre premier marché à l’export.

Parmi les principales « victimes » de cette décision, il faut citer les vins de Bourgogne et, surtout, ceux de Bordeaux.

A l’inverse, les vins italiens et les Champagnes ne sont pas concernés, pas plus que les vins qui titrent plus de 14% d’alcool, ce qui peut encore laisser des portes ouvertes à certains vins du Rhône et du bassin méditerranéen.

  • Le Brexit

Plus de trois ans se sont écoulés depuis le référendum par lequel les Britanniques ont décidé de sortir de l’Union européenne. La nouvelle date butoir est fixée au 31 janvier. Dans le secteur du vin, les inquiétudes autour du Brexit augmentent, à mesure que le divorce se rapproche

En effet, le Royaume-Uni est le deuxième importateur mondial de vin en valeur. La quasi-totalité du vin consommé en Grande-Bretagne est importée, et une part importante provient de France et notamment de Champagne, de Bordeaux et de Bourgogne.

Ces inquiétudes sont de plusieurs natures. D’abord administratives avec la crainte de nouveaux documents d’importation obligatoires, puis douanières avec la peur de files d’attente interminables aux frontières pour dédouaner les produits, et enfin économiques, comme une conséquence de cela sur les importations et, finalement, sur la consommation.

Mais l’optimisme reste majoritairement de mise car les Britanniques, comme les européens, ont tout intérêt à conserver des conditions de libre-échange au même niveau qu’aujourd’hui, et faire que le Brexit soit un non-événement pour le secteur vinicole… Nous le saurons bientôt !

  • La situation politique en France

La grève entamée au début du mois de décembre provoque également quelques remous sur les échanges de vins en France, en raison de son impact sur le transport et sur l’ensemble de la « supply chain ». Cette situation fait craindre des risques de pénurie chez les distributeurs faute d’approvisionnement suffisant, des annulations ou reports de contrats commerciaux de la part des clients, et, plus généralement, une perte de confiance et de crédibilité de la part des clients internationaux. Il est toutefois trop tôt pour en mesurer l’impact réel.

  • Les conséquences sur le marché des grands vins

Dans ce contexte international compliqué, l’indice le plus large du Liv-Ex a perdu 4.2% en 2019, avec une correction plus forte sur les grands vins de Bordeaux et de Bourgogne, comme le montre le graphe ci-dessous :

Les deux régions qui tirent leur épingle du jeu, la Champagne et l’Italie, sont justement celles qui sont exemptées de l’augmentation des taxes aux USA…

2- L’offre de placement financiers autour du vin sous surveillance :

En France, comme dans de nombreux pays étrangers, les placements financiers sont soumis à des règles strictes et les intermédiaires autorisés à en faire la promotion sont contrôlés de près par l’Autorité des Marchés Financiers.

Celle-ci nous rappelle que si l’investissement dans les placements « alternatifs » peut répondre au besoin de diversifier son patrimoine ou au souhait d’investir dans un secteur « coup de cœur », il doit être considéré avec une grande prudence.

L’AMF, qui a d’ailleurs diffusé une « liste noire » des intermédiaires à éviter, poursuit son action en repérant progressivement tous les intervenants qui proposent ce type de service et en les incitant à se déclarer auprès d’eux, ou à cesser cette activité. Parallèlement à ses relations privilégiées avec la Financière d’Uzès, en charge du fonds Uzès Grands Crus, le seul enregistré auprès des autorités financières dans ce secteur, Vitis Epicuria envisage la création d’un dossier d’enregistrement dans les mois qui viennent.

Il est vrai que certaines mauvaises pratiques ont été constatées, avec des présentations biaisées, des rendements garantis ou des risques de pertes minorés. Il s’agit parfois d’escroqueries pures et simples.